Autisme et précocité.
Au cours de la dernière décennie, les recherches en psychologie ont permis une meilleure connaissance des troubles neurodéveloppementaux. Parallèlement, de nouvelles questions ont émergé, particulièrement sur les liens entre différents diagnostics, tels que l’autisme et la précocité. Dans le monde anglophone, le terme «twice exceptional» s’est popularisé pour décrire les personnes présentant à la fois un trouble neurodéveloppemental et un diagnostic de précocité, face au nombre grandissant de personnes concernées.
(Remarque : La précocité ne fait pas partie des troubles neurodéveloppementaux comme les définissent les classifications internationales de référence ci-jointes après).
Définitions et “grandes lignes” autour de l’autisme :
Le trouble du spectre autistique (TSA) est un trouble neurodéveloppemental touchant la communication et le langage, les aptitudes sociales, les centres d’intérêts des individus. Comme sa dénomination l’indique, il s’agit d’un spectre avec de nombreuses nuances. La définition de l’autisme et sa catégorisation clinique évoluent régulièrement, car toutes ses variations restent mal connues et difficiles à départager.
Les premières observations de Kanner et Asperger sur des enfants autistes rencontraient déjà ce problème. Kanner observait un groupe d’enfants plutôt homogène avec principalement des difficultés de sociabilité et d’adaptabilité, difficulté et retard de langage, intérêts limités. Au contraire, Asperger étudiait un groupe plus hétérogène, allant d’une absence de retard de langage à des aptitudes verbales impressionnantes. De ce second groupe est né la dénomination syndrome d’Asperger. Ce syndrome se caractérise par une absence de retard dans le développement du langage, une absence de retard intellectuel, ainsi que des « dysfonctionnements » généralement moins prononcés sur le plan social.
Attention : le terme de “syndrome d’Asperger” n’est plus utilisé depuis la parution du dernier manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ou DSM 5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders). Classé initialement séparément, il rentre désormais dans la catégorie des TSA. L’importance de la présence d’un retard de langage ou de son absence, un critère qui était déterminant pour différencier le Syndrome d’Asperger, est d’ailleurs remis en cause. Pourtant, de nombreuses personnes continuent d’utiliser le terme Syndrome d’Asperger.
Revenons sur les troubles du spectre autistique et donnons ici les classifications actuelles DSM 5 et CIM 11.
Nous reviendrons ensuite sur la notion de haut potentiel et comparerons les dénominations courantes : syndrome d’Asperger, autisme de haut niveau, et personne à haut potentiel présentant un trouble du spectre autistique.
Classifications DSM 5 et CIM 11
DSM 5 |
CIM 11 6A02 |
La personne doit présenter trois symptômes sur trois dans la catégorie A et deux symptômes sur quatre dans la catégorie B pour répondre aux critères de l’autisme.
Le trouble du spectre de l’autisme est classé parmi les troubles neuro-développementaux 299.00 (F84.0) : A. Déficits persistants de la communication et des interactions sociales observés dans des contextes variés : 1. Déficits de la réciprocité sociale ou émotionnelle, 2. Déficits des comportements de communication non verbaux utilisés au cours des interactions sociales, 3. Déficits du développement, du maintien et de la compréhension des relations. B. Caractère restreint et répétitif des comportements, des intérêts ou des activités, comme en témoignent au moins deux des éléments suivants soit au cours de la période actuelle soit dans les antécédents : 1. Caractère stéréotypé ou répétitif des mouvements, de l’utilisation des objets ou du langage, 2. Intolérance au changement, adhésion inflexible à des routines ou à des modes comportementaux verbaux ou non verbaux ritualisés, 3. Intérêts extrêmement restreints et fixes, anormaux soit dans leur intensité, soit dans leur but, 4. Hyper ou hyporéactivité aux stimulations sensorielles ou intérêt inhabituel pour les aspects sensoriels de l’environnement. C. Les symptômes doivent être présents dès les étapes précoces du développement (mais ils ne sont pas nécessairement pleinement manifestes avant que les demandes sociales n’excèdent les capacités limitées de la personne, ou ils peuvent être masqués plus tard dans la vie par des stratégies apprises). D. Les symptômes occasionnent un retentissement cliniquement significatif en termes de fonctionnement actuel, social, scolaire (professionnels ou dans d’autres domaines importants). E. Ces troubles ne sont pas mieux expliqués par un handicap intellectuel (trouble du développement intellectuel) ou un retard global du développement. La déficience intellectuel le et le trouble du spectre de l’autisme sont fréquemment associés. Pour permettre un diagnostic de comorbidité entre un trouble du spectre de l’autisme et un handicap intellectuel, l’altération de la communication sociale doit être supérieure à ce qui serait attendu pour le niveau de développement général. Spécifier si : ● Avec ou sans déficit intellectuel associé ; ● Avec ou sans altération du langage associée ; ● Associé à une pathologie médicale ou génétique connue ou à un facteur environnemental ; ● Associé à un autre trouble développemental, mental ou comportemental ; ● Avec catatonie. |
6A02.0 Désordre du spectre autistique sans désordre du développement intellectuel et avec peu ou pas de dysfonctionnement du langage.
6A02.1 Désordre du spectre autistique avec désordre du développement intellectuel et avec peu ou pas de dysfonctionnement du langage. 6A02.2 Désordre du spectre autistique sans désordre du développement intellectuel et avec un dysfonctionnement du langage. 6A02.3 Désordre du spectre autistique avec désordre du développement intellectuel et avec un dysfonctionnement du langage. 6A02.5 Désordre du spectre autistique avec désordre du développement intellectuel et avec une absence de fonctionnement du langage. 6A02.Y Autre désordre du spectre autistique spécifique 6A02.Z Désordre du spectre autistique, non spécifique |
Notion de précocité.
La précocité se définit quant à elle par le quotient intellectuel (QI) d’un individu. On parle de personnes à “haut potentiel” lorsqu’il dépasse ou est égal à 130 sur des échelles définies, notamment celle de WESCHLER, (WAIS pour les adultes, WISC pour les enfants). Le QI moyen de la population se situe aux alentours de 100 et seulement 2% à 5 % de la population sont concernés par la précocité. Son diagnostic fait ainsi référence à une avancée développementale, et non à un trouble psychologique. Cette notion étant également très complexe, elle fera l’objet d’un autre article.
Autisme et précocité
Au sein de la communauté scientifique, la question du rapprochement entre l’autisme et la précocité est loin d’être récente. Léo Kanner et Hans Asperger, connus pour leurs travaux fondamentaux sur l’autisme, soulevaient déjà la problématique “ dans leurs articles princeps au sein desquels ils évoquaient comme une récurrence étonnante la présence de parents ayant exercé une activité intellectuelle dans la généalogie des enfants de leurs études”.
Au début des années 2000, Abbey Cash mettait aussi en évidence les similitudes entre les deux diagnostics. Selon elle, “ les deux groupes ont souvent des difficultés avec l’autorité et du mal à se conformer à la pensée des autres “ ; de même “les deux groupes se ressemblent en ce sens qu’ils présentent souvent des personnalités perfectionnistes introverties, une forte rigidité intellectuelle, des préoccupations intenses concernant par exemple les mots, les nombres ou les aliments.”
Dans son article, elle revient sur les recherches de Kanner. On apprend ainsi que lorsqu’il présenta ses recherches en 1943, il nota que les parents des enfants qu’ils étudiaient étaient presque tous très éduqués pour l’époque, autant les pères que les mères. Ils possédaient des diplômes élevés et étaient souvent présents dans le Who’s Who, un dictionnaire bibliographique qui recensait les gens influents. Ainsi, les premiers chercheurs envisageaient deux pistes : l’hérédité et le manque d’attention et d’affection parentale comme des causes de l’autisme, les parents étant très occupés par leurs carrières. Cette seconde piste est rapidement écartée, mais la question de l’hérédité est reprise par la plupart des chercheurs après Kanner et est toujours considérée aujourd’hui. Il semble que les personnes autistes trouvent dans leur généalogie des personnes neurotypiques, certaines avec un profil de précocité, et vice versa.
Ce n’est que récemment, dans la dernière décennie, que des études non seulement descriptives mais observationnelles sont apparues pour comparer les deux publics. Celles-ci mettent en avant « la présence d’excellentes capacités mnésiques, d’un langage riche, de bonnes compétences académiques, d’intérêts intenses, de particularités sensorielles, d’un développement asynchrone, d’une certaine anxiété, d’un perfectionnisme, et d’une maladresse motrice ».
Les études montrent des rapprochements de résultats selon le WISC-IV ; Les personnes autistes de haut niveau et les personnes à haut potentiel présentent toutes deux, généralement, un Domaine Verbal (Compréhension verbale) plus fort que le Domaine de performance (Raisonnement perceptif), et un Indice de Vitesse de traitement faible (Suivre le prochain article sur la précocité).
Voici un tableau récapitulant les principales caractéristiques relevées au cours de nombreuses lectures, pour chaque profil, nous permettant d’y voir plus clair entre Autisme et précocité :
Caractéristiques | Autisme sans déficience Intellectuelle |
Haut potentiel (sans TSA)
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Autisme de Haut niveau | Autisme Asperger | Autisme à Haut potentiel | |||
QI | Définition : QI > 70
De façon générale entre 85 < QI > 130 |
Définition : QI > 70
De façon générale entre 85 < QI > 130 Parfois QI ≥ 130 (voire 145) |
QI ≥ 130 | QI ≥ 130 | |
Langage | Retard de langage | Langage avant 3 ans | Langage avant 3 ans | Langage avant 3 ans | |
Communication | Difficulté à s’exprimer, interrompt ou n’ose pas prendre la parole ; écholalie | Difficulté à s’exprimer avec les personnes de son âge ; aisance à s’exprimer sur des sujets précis. | |||
Aptitudes sociales | Compréhension sarcasme/second degré | Difficile
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Difficile | Difficile mais capacité à l’apprendre | Facile, bon sens de l’humour
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Capacité à se faire des amis | Incapacité ou réfraction à se faire des amis, parfois pas de besoin réel. Non perception des normes sociales de mode, de comportement, etc | Difficulté ou réfraction éventuelle à se faire des amis. Mauvaise perception des échanges sociaux « je donne /je reçois ». | Pas de besoin / d’intérêt à se faire des amis / Capacité à apprendre les codes sociaux | Difficulté à se faire des amis de son âge. Sélection, tri dans les amitiés (enfants attirés par personnes plus âgées). Indifférence relative aux normes sociales de mode etc. | |
Perception du regard des autres | Ne perçoit pas vraiment ce que les autres pensent car « dans sa bulle ». Inconscient de sa différence aux yeux des autres. | Inconscient de sa différence aux yeux des autres. Peu conscient de la manière dont il est perçu, part du principe que les autres partagent son point de vue. | Conscient d’être différent des autres.
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Conscient qu’il apparaît comme différent aux yeux des autres Conscient de sa différence et du point de vue des autres | |
Compréhension des réactions des autres | Difficulté à faire face à la complexité de celles-ci.
Relations sociales peu soutenues. |
Naïveté, due à l’incompréhension des implicites et des intonations. Les mots sont compris sensus stricto. | Naïveté, due à l’incompréhension des implicites et des intonations. Les mots sont compris sensu stricto. Mais leur haut potentiel et leur pouvoir de mimétisme peut leur permettre de s’adapter au prix d’un effort important (grande fatigabilité). | Certaine naïveté dans les relations sociales qui peut être due à la difficulté de comprendre les implicites. Croit en un monde de « bisounours » : tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil !!! | |
Intérêts / Activités | Oisiveté, centres d’intérêts restreints, besoins de routines, comportements répétitifs, impression d’être incompris, grande difficulté à dévier d’une routine
Perfectionnisme modéré sauf dans ses intérêts particuliers. |
Perfectionnisme très poussé.
Centres d’intérêts restreints et durables. |
Intérêts ciblés dans certains domaines, qui peuvent varier dans le temps, besoin de savoir plus que réelle passion.
Perfectionnisme très poussé. |
Très grande curiosité, passions ciblées, vif sens de l’imagination.
Perfectionnisme très poussé. |
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Sensorialité | Hyperesthésie, Hyperacousie, Photosensibilité, Hypersensible au toucher, goût, odorat
L’hypersensibilité est exacerbée, l’expression des émotions et le ressenti émotionnel sont inadéquats (longues colères…). |
Hyperesthésie,
Hypersensibilité et intensité émotionnelle. Les réactions sont plus intenses dans la durée et leurs expressions inappropriées car les émotions sont difficilement comprises. |
Hyperesthésie,
Hypersensibilité et intensité émotionnelle. Les réactions sont plus intenses dans la durée et leurs expressions inappropriées car les émotions sont difficilement comprises. Mais ils peuvent plus rapidement adapter leurs réactions, les rendre plus « normales » dans une certaine limite. |
Certains sens très développés. En fonction du profil, hypersensibilité, intensité et variabilité émotionnelle (colères…).
Hyperréactivité : passe rapidement d’une émotion à une autre, tout en les comprenant. Si la personne HP est plutôt de type laminaire, la variabilité est moindre. |
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Vie émotive | Manque d’empathie
Intolérance aux changements, stéréotypies, besoin d’un cadre spatio-temporel bien défini, agressivité possible face aux imprévus. Pas de verbalisation des émotions, c’est le comportement qui reflète l’état émotif. Angoisses fréquentes. |
Peu d’empathie bien que ressentant beaucoup les émotions, celles-ci ne sont pas toujours comprises, ce qui peut amener des réactions peu ou pas appropriées.
Faible tolérance aux changements, besoin d’un cadre structuré. Difficulté à mettre des mots sur les émotions. |
Manque d’empathie ou perception différente de ce qui fait mal.
Intolérance aux changements. Difficulté à mettre des mots sur les émotions. |
Hyper-empathie.
Adaptabilité possible face aux changements, mais tolérance relative, remise en question fréquente des règles arbitraires. Gamme très large d’émotions. Elles sont fortement ressenties et exprimées. |
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Aptitude psychométrique | Maladresse, problème de coordination, difficulté avec la graphie.
Manque de vision globale, a besoin d’images concrètes. Monotâche. Retour à la tâche difficile si distrait (par ses pensées notamment). La résolution des problèmes se fait très difficilement. Observateur seulement dans les centres d’intérêt restreints. Retient trop les détails, parfois rien que les détails (ceux qui paraissent insignifiants aux autres) quand il s’agit de son sujet d’intérêt particulier. Besoin de clôturer un sujet pour en aborder un autre. |
Pas de pensées en arborescence, elles peuvent être très rapides mais séquentielles (convergence).
Monotâche. Intuition peu présente : la résolution des problèmes se fait de manière « logique », grâce à l’extrême rapidité du raisonnement. Observateur mais remarque les détails et s’y « accroche ». Grande faculté de mémorisation, mémoire des détails en nombre, peu subtile et sans différenciation mais excellente sur certains sujets d’intérêt particulier : tout élément retenu aura la même importance, sans hiérarchie et sans faire référence à la sémantique. Besoin possible de clôturer un sujet pour en aborder un autre. |
Pas de pensées en arborescence, elles sont très rapides mais séquentielles (convergence).
Importance du détail, grande difficulté à généraliser. Intuition peu présente : la résolution des problèmes se fait de manière « logique », grâce à l’extrême rapidité du raisonnement et l’importante capacité à retenir les détails. Très fort pouvoir de déduction. Observateur mais remarque les détails et s’y « accroche ». Grande faculté de mémorisation, mémoire des détails en nombre, peu subtile et sans différenciation mais excellente sur certains sujets d’intérêt particulier : tout élément retenu aura la même importance, sans hiérarchie et sans faire référence à la sémantique. N’aime pas les tâches de mémorisation imposées. |
Difficulté avec la graphie
Imagination débordante et créative, pensées en arborescence (divergence) Multitâches. En cas distraction, en fonction de l’intérêt porté, retour rapide vers ses tâches. Pensées intuitives… De manière générale, observateur et perspicace. Mémoire des détails, n’aime pas les tâches de mémorisation même s’il les accomplit très bien. Saute d’un sujet à un autre facilement |
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Sens de la communication | Difficulté à s’exprimer, interrompt ou n’ose pas prendre la parole ; écholalie.
Nécessite d’isolement, aime la solitude. |
Introversion plus présente et besoin d’isolement. | Besoin de solitude.
Capacité à modifier son image, mais pas de besoin intrinsèque d’avoir une position sociale, c’est un mécanisme qu’ils ne ressentent et ne comprennent pas. Ils se créent des images pour être comme tout le monde |
Difficulté à s’exprimer avec les personnes de son âge ; aisance à s’exprimer sur des sujets précis. Reconnaissance des émotions des autres, beaucoup d’empathie.
Peut être introverti ou extraverti : soit l’un, soit l’autre ; soit l’un puis l’autre. |
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Troubles souvent associés | Apprentissage parfois difficile, différent. Besoin d’un apprentissage systématique, explicite (par exemple, les mots peuvent avoir un sens différent en fonction de la situation dans laquelle ils sont employés).
Dyspraxie fréquente. Vocabulaire assez limité et parfois trompeur : les mots sont parfois employés sans en connaître la signification ou hors contexte. TDAH, troubles de l’anxiété généralisée, troubles dépressif, phobie sociale, phobie scolaire, troubles dys |
L’apprentissage peut être ralenti s’il n’est pas structuré et séquentiel, parfois besoin de supports différents.
Vocabulaire plus lexical, tel que repris dans le dictionnaire, pouvant toutefois être extensif. Maladresses fréquentes, coordination motrice plus difficile, peu de dextérité. TDAH, troubles de l’anxiété généralisée, troubles dépressif, phobie sociale, phobie scolaire, troubles dys |
Besoin d’un apprentissage systématique, explicite (par exemple, les mots peuvent avoir un sens différent en fonction de la situation dans laquelle ils sont employés).
Vocabulaire parfois trompeur : les mots sont parfois employés sans en connaître la signification ou hors contexte. Enorme capacité d’apprentissage, pouvant masquer les difficultés et les incompréhensions. TDAH, troubles de l’anxiété généralisée, troubles dépressif, phobie sociale, phobie scolaire, troubles dys |
Facilité d’apprentissage. En cas de troubles des apprentissages, besoin de supports différents additionnels.
Vocabulaire extensif, précis et riche. L’impulsivité, le manque de patience peut conduire à une maladresse motrice à laquelle sont parfois associés certains troubles (dysgraphie, dyspraxie…). TDAH, troubles de l’anxiété généralisée, troubles dépressif, phobie sociale, phobie scolaire, troubles dys |
Ce tableau regroupe de nombreuses constatations, mais bien sûr chaque personne est différente et unique.
Il n’y a donc pas de symptômes définis et la symptomatologie diffère grandement d’un individu à l’autre, tant dans le cas d’une précocité, que dans le cas de l’autisme, malgré les critères de diagnostic définis :
« Le TSA étant syndromique, si chaque critère est rempli, alors le diagnostic peut être posé. Toutefois, la réalité clinique est plus complexe, notamment lorsqu’à des difficultés socio-émotionnelles s’ajoutent de hautes aptitudes cognitives, a fortiori verbales ».
La complexité du diagnostic entre Autisme et précocité est réelle. Par exemple, les difficultés sociales sont un trait commun des deux diagnostics, pour autant « seul un déficit sur le plan de l’empathie cognitive (comprendre les états mentaux d’autrui notamment), justifie la pose d’un diagnostic de TSA » ce qui n’est pas toujours évident à diagnostiquer.
Les stratégies de camouflage, processus souvent inconscients, peuvent brouiller les pistes. Typiquement, un individu autiste est capable de mettre énormément d’énergie pour combler son décalage social en observant et mimant les normes et comportements de son entourage. Ainsi « certains apparaissent comme trop ‘compétents’ socialement pour recevoir un diagnostic de TSA mais ne rencontrent pas pour autant les critères relatifs à d’autres catégorisations ». Les stratégies de camouflage sont, entre autres, très importantes chez les filles TSA avec un haut potentiel intellectuel.
De plus en plus de personnes sont diagnostiquées haut potentiel pendant l’enfance, et s’identifie à ce diagnostic jusqu’à l’adolescence. Arrivée à cette période cruciale pour la construction de soi-même et de ses relations sociales. Elles rencontrent alors des difficultés accrues dans leur aptitudes sociales, qui vont prendre le dessus sur leur difficulté de base, liée à leur précocité. C’est alors que le diagnostic de troubles du spectre autistique intervient. C’est le cas de nombreux jeunes autistes avec un haut potentiel.
C’est ce qui explique que l’autisme reste sous diagnostiqué, parfois même par les CRA (Centre de Recherche Autisme), et encore méconnu.
De plus, les recherches ont toujours été très genrées, surtout chez les personnes anciennement diagnostiquées Asperger. Tony Attwood est un des premiers à explorer la différence symptomatologique entre les hommes et femmes autistes.
Cet article avait pour but de faire un petit point sur les connaissances actuelles et de revenir sur certains aprioris.
Longtemps, les personnes Asperger étaient réduites à l’image de jeunes garçons surdoués et asociaux, impressionnants par leur réussite dans un certain domaine. C’est cette image que l’on retrouve d’ailleurs dans la culture populaire, notamment à la télévision. On peut citer Sheldon de The Big Bang Theory, Raymond Babbitt de Rain Man, Shaun Murphy dans Good Doctor. Cette représentation caricaturée de l’autisme implique qu’il existerait un lien systématique entre Asperger et le “génie”, sous entendant presque que la précocité serait un signe d’autisme. L’autisme se manifestant de manière différente chez chaque individu, il est vrai que certains ont une lucidité, réflexion et sensibilité différentes de leurs pairs, qui peuvent parfois sembler plus matures. Cependant, cela n’équivaut en rien à de la précocité. On parle plutôt d ‘ « intelligence atypique », terme utilisé par David Gourion et Séverine Leduc dans leur ouvrage. Il est vrai que les autistes peuvent avoir tendance à s’investir dans certains domaines qui les passionnent et dans lequel ils finissent par exceller grâce à leur intérêt et à leur caractère restreint, typique de l’autisme. Pour la grande majorité, il ne s’agit pas de question de QI. Il est donc faux de créer un lien systématique entre Asperger et précocité. Il peut par contre y avoir des troubles asperger chez un individu précoce.
En conclusion, Autisme et précocité ont un spectre dont les nuances restent mal connues.
« Sur le plan purement scientifique il est très difficile de connaître la prévalence exacte des troubles du spectre autistiques chez les gens qui ont un haut potentiel intellectuel » parce que les études concernent les gens qui sont allé consulter. Effectivement une part importante de surdoués ne vont jamais consulter car ne montre pas de problème de socialisation ni anxieux sur le long terme.
La précocité sera le sujet d’un prochain article.
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