Depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, notre association les Didascalies a vu, comme tout un chacun, ses repères bousculés. Phobie scolaire et Covid 19 ne font pas bon ménage… Notre équipe a dû se mobiliser pour se réinventer et garantir à nos jeunes adhérents un accompagnement de qualité malgré les contraintes. Cela ne nous a malheureusement pas laissé suffisamment de temps pour vous partager nos actualités comme nous avions pris tant de plaisir à le faire en 2019. Alors que l’année 2020 touche à sa fin, notre équipe, agrandie et motivée, a donc décidé de vous écrire aujourd’hui pour partager avec vous notre année 2020.
Phobie scolaire et Covid 19 : un confinement collaboratif
En mars 2020, le confinement est annoncé en France. Dans les écoles, collèges et lycées de Toulouse, les familles sont confrontées à un sentiment de rupture avec les établissements et craignent (ou observent) un décrochage scolaire.
Cette rupture avec l’école est bien connue de nos bénéficiaires qui souffrent de phobie scolaire. Elle est la raison d’être de notre structure depuis 2018. Ce confinement est donc pour nous un véritable challenge : comment accompagner des jeunes dont le parcours atypique a déjà tant fragilisé leurs liens à l’instruction et leur lien social? Et si nos valeurs nous permettaient de nous adapter à cette situation inédite ?
Ainsi, lors du premier confinement, les Didascalies ont dû fermer temporairement leurs portes…mais elles ont su ouvrir des fenêtres ! Habitués à diversifier les supports, à débattre et à questionner, nous avons réfléchi tous ensemble aux opportunités qui s’offraient à nous. Nous avons alors mis en place un coaching à distance le matin et des échanges virtuels ludiques l’après-midi. Ce nouveau mode de fonctionnement a permis d’expérimenter de nouveaux modes de relation entre les jeunes. Il nous a aussi amenés à explorer les questions de la distance et du rythme de chacun.
Une fois encore, nous avons souhaité que chaque jeune puisse être lui-même, entendu, respecté, actif, décisionnaire dans une école démocratique… même en distanciel. De nouvelles initiatives nous ont permis de renforcer nos liens et de tempérer un climat particulièrement anxiogène, notamment grâce à la ville de Toulouse et aux associations locales : visite virtuelle commentée de la Basilique Saint Sernin, de la Chapelle du Crucifix ou du Cloître des Augustins ; représentation en ligne des « Chaises » de Ionesco ; lectures de comédies de mœurs du XIXe siècle suivant les âges et niveaux … La médiation culturelle, pilier fondamental de notre pédagogie, a su conserver sa place et son public!
Confinés chacun chez soi mais collaborant tous ensemble, c’est dans ce contexte inédit et créatif que nous nous quittons le 6 juillet pour des vacances bien méritées !
Une rentrée en présentiel
Le 2 septembre 2020, Les Didascalies rouvrent leurs portes pour une nouvelle année en présentiel. La question sanitaire est prise très sérieusement par l’ensemble de l’équipe et par les jeunes. Le port du masque est obligatoire pour toutes et tous, même pour les élèves du primaire. Au quotidien, nous établissons des règles : éviter la proximité et donc le travail en groupe rapproché, changer son masque en milieu de journée, désinfecter chaque table et chaise après utilisation pour permettre aux jeunes de changer de place régulièrement s’ils le souhaitent… Nous faisons le maximum pour apporter un cadre rassurant à nos élèves et à nos coachés tout en respectant les gestes barrières.
Car cette année, nous le savons, le challenge est grand : (re)créer du lien entre les jeunes après six mois de rupture ayant inévitablement laissé des traces. Si nombre de nos “habitués” se réjouissent de partager des moments presque “comme avant”, certains retours sont difficiles. Par ailleurs, l’impossibilité de faire des essais en situation réelle en fin d’année scolaire a empêché certaines inscriptions qui étaient en cours, et l’insécurité financière de cette période a rendu difficile l’engagement des parents. L’intégration des nouveaux, sans médiation animale et avec l’importance des règles sanitaires, est donc plus difficile que l’année précédente et nous demande davantage d’écoute et d’attention. Heureusement, les balades en extérieur et les activités culturelles et manuelles font grand bien!
Une nouvelle organisation démocratique pour le reconfinement
Le 29 octobre, la France vit son deuxième confinement qui autorise cette fois-ci les élèves à venir dans les établissements scolaires. Nouveau confinement, nouveau débat : certains de nos bénéficiaires nous font part de leurs difficultés concernant le déjeuner, devenu source d’angoisse car trop contraignant. Ils ont besoin de “souffler”! Après concertation nous décidons donc de maintenir un accueil en présentiel en matinée (si le jeune et sa famille le souhaitent) et poursuivons les activités en distanciel l’après-midi.
Durant la matinée, le coaching au sein de la structure, en effectif réduit, permet d’instaurer une nouvelle dynamique de groupe. L’après-midi, en ligne, les élèves de primaire sont accompagnés tout au long de leurs activités. Les jeunes, eux, doivent faire preuve d’autonomie et de coopération pour trouver leur propre méthode de travail en groupe malgré les écrans. Dans certains groupes, cela débloque les échanges et renforce les liens. Dans d’autres, les difficultés de répartition du travail et de communication sont souvent le point de départ d’un échange constructif avec l’équipe encadrante.
Phobie scolaire et Covid 19 : le témoignage de Mélissa, stagiaire aux Didascalies
La double formule, en présentiel et en distanciel, nous demande de travailler davantage main dans la main avec les familles mais également de renforcer notre équipe encadrante avec des stagiaires issus du secteur médico-social et des volontaires en Service Civique. Pour terminer ce bilan, nous vous partageons le témoignage de Mélissa, stagiaire aux Didascalies depuis l’automne :
“Dans le cadre de mon Master 1 IPBEP (métiers de l’Intervention auprès de Publics à Besoins Educatifs Particuliers) je réalise mon stage aux Didascalies. ‘À toute chose malheur est bon’ nous dit le proverbe ; eh bien c’est vrai : sans être écrasée par la situation sanitaire, la logique créative de la structure s’en est trouvée renforcée. À tel point que certaines idées qui paraissaient difficilement concrétisables sont devenues, dans ce cadre nouveau, parfaitement légitimes et acceptées, notamment grâce au “virtuel”. J’ai été agréablement surprise par la capacité d’adaptation des jeunes aux nouveaux outils pédagogiques mis en place par Claire et Eliane. Les enfants et les jeunes sont pleins de bonne volonté, se connectent tous les après-midi et interagissent tous ensemble, ce qui est une vraie victoire quand on souffre de phobie scolaire et sociale.
J’ai aussi pu travailler auprès d’un élève de CM2 confiné chez lui, suivant tous les cours en visio. A la maison les distractions sont nombreuses, mais grâce à la ténacité des encadrants à toujours garder l’attention du jeune garçon, le relancer, interagir avec lui, il bénéficie du meilleur service d’enseignement possible au vu des conditions actuelles et de ses difficultés. Il se responsabilise car il sait qu’il doit redoubler d’autonomie pour pouvoir ouvrir les bons documents au bon moment, trier ses devoirs de manière à pouvoir suivre en direct les apprentissages… J’ai l’espoir que le plus grand nombre, grâce à cette période, ait ressenti son potentiel. Car loin d’être des jeunes qui “n’aiment pas l’école”, ces enfants et adolescents aux besoins atypiques montrent tous les jours leur souhait d’apprendre, de s’investir et d’avancer tout en restant eux-mêmes”.
