Impact de la crise sanitaire sur l’accueil jeunes en IEF
Adaptation sanitaire à l’accueil jeunes en IEF, L’Escale des Mô
Appréhension de l’équipe encadrante
Aux Didascalies, nous accueillons des jeunes en situation de phobie sociale et/ou scolaire les pénalisant au quotidien, avec pour certains des troubles d’apprentissages. Pour nous adapter à la crise, nous avons opté pour un fonctionnement hybride à la rentrée 2020 : Accueil sur la structure le matin, projet en virtuel l’après-midi, et coaching totalement en virtuel pour certains. Nous redoutions que cette organisation accentue leurs difficultés. Plusieurs points nous préoccupaient :
- L’autonomie des jeunes : Certains ont une relation difficile avec l’environnement scolaire (devoirs, autorité), ce pourquoi nous avons créé un lieu sécurisant au sein de l’accueil jeunes en IEF. Sans ce cadre, nous appréhendions une perte de leur autonomie au travail.
- L’attention : Plus de sources de distraction sont présentes au domicile qu’à l’accueil jeunes en IEF, ce qui ajoute une difficulté supplémentaire de concentration. Certains de nos bénéficiaires adhèrent à l’Escale des Mô précisément à cause de troubles de l’attention.
- La motivation : Elle est impactée par tous ces changements de fonctionnement. Il est plus difficile d’être motivé en étant seul à travailler chez soi face à un écran, que sur place avec ses pairs et les encadrants.
- Et plusieurs autres détails : Comme le fait d’être présent aux horaires convenus ou d’être là tout court ; le fait d’oser parler devant l’ordinateur et de ne pas céder à une tendance d’isolement liée à son anxiété et phobie.
Pour autant, ils ont su nous surprendre par leur capacité d’adaptation et leur dynamisme. Nous avons pu l’observer lors de la réalisation des projets, élément essentiel de notre structure d’accueil jeunes en IEF.
L’apprentissage par la réalisation de projets
Des projets diversifiés pour l’accueil jeunes en IEF et pour l’école primaire
Nous pensons que placer un jeune au centre de son projet éducatif lui permet d’être acteur, de construire ses connaissances par la recherche autonome. Ainsi, par l’appropriation de ses savoirs, l’enfant développe son esprit critique, acquiert plus d’indépendance et de compétences. Il pourra ainsi s’adapter à n’importe quelle situation au cours de sa vie, et renforcer sa confiance en soi. Notre objectif principal est donc de donner du sens aux apprentissages du jeune, en le laissant prendre en charge son projet tout en l’accompagnant et le motivant. En effet, nous insistons sur le fait que chaque jeune travaille avant tout pour lui-même, et non pour le plaisir d’un adulte.
Pour en savoir plus sur notre méthode éducative nous vous invitons à consulter d’autres articles de notre blog (“Apprendre à l’école par la démarche de projet”, “Les 5 piliers de la pédagogie Freinet”…), ou suivre notre page Facebook.
Nos temps de projets prennent place l’après-midi dans le planning de l’accueil jeunes en IEF et de l’école primaire, et se concentrent sur trois matières : la science, l’histoire-géographie et la littérature. Ces derniers mois, nos jeunes ont travaillé sur de nombreuses thématiques.
– En science, nous avons découvert le corps humain en trois projets. Les jeunes ont tout d’abord étudié les cellules et ont su apprivoiser un sujet compliqué et détaillé, qui leur était inconnu. Ensuite, ils se sont penchés sur les organes avec engouement, au point d’avoir du mal à choisir un seul sur lequel travailler ! Là encore, leur curiosité personnelle les a amenés à nous parler de thématiques surprenantes, choisies personnellement. Enfin, ils ont pu apprendre sur les différents systèmes du corps et ont été surpris sur la complémentarité et l’harmonie de notre corps.
– En histoire-géographie, les jeunes ont découvert de nombreux lieux et personnes. L’année a commencé par un magnifique projet de découverte sur la Nouvelle-Zélande et différents aspects de sa culture (son histoire, la religion, la gastronomie, l’agriculture, le sport). Par la suite, ils ont découvert des personnages historiques importants, tels que Charles Darwin et Marie Curie. L’association a après cela lancé un projet sur la préhistoire qui a particulièrement attisé la curiosité des bénéficiaires. L’homo sapiens n’a plus de secret pour Les Didascalies !
– Les projets littéraires permettent quant à eux d’approfondir les connaissances littéraires tout en découvrant un large éventail de littérature. Les jeunes ont inévitablement étudié de grands classiques, comme les poèmes de Jean de la Fontaine ou de Jacques Prévert. Ils ont aussi travaillé sur des chansons dans une perspective comparative sur plusieurs thématiques (l’amitié, l’amour, la différence). De plus, le projet littéraire principal de cette année s’avère être la création d’un scénario pour un théâtre de marionnettes. En effet, après un projet sur les différents types de théâtre, les jeunes ont montré l’envie de se l’approprier !
D’autres outils d’apprentissage
La culture dans notre accueil jeunes en IEF
Toujours dans le but d’apprendre différemment, nous accordons une place importante au monde de la culture, en organisant le plus possible des sorties culturelles. Mais à l’heure actuelle nous sommes dans l’incapacité d’en organiser, en raison de la crise sanitaire. Ainsi, nous nous adaptons à la situation en programmant des visites virtuelles. Nous avons eu la chance de bénéficier d’une intervention virtuelle personnalisée de la part du musée de l’Aurignacien, organisée par le biais de Culture du cœur. Des deux côtés, nous avons été ravies de voir que le virtuel n’impacte pas la concentration et la réactivité des jeunes.
Toujours grâce à nos partenaires, nous avons eu la chance d’assister virtuellement au concert dépaysant du groupe Kolinga, animé par une chanteuse Congolaise, dans le cadre de la valise Rio Loco.
Dernièrement, nous nous sommes aussi intéressés à la peinture et plus particulièrement à l’Impressionnisme. Les jeunes ont été éblouis par la visite virtuelle de la maison de Monet à Giverny, haute en couleur. Cette ouverture à la culture est précieuse pour notre accueil jeunes en IEF. En dehors de notre structure, nos bénéficiaires participent peu à ce type d’événements (souvent sociaux) à cause de leur phobie.
Nous planifions également des évènements culturels et artistiques au sein même de la structure. Nous avons par exemple organisé une semaine sur les différentes célébrations de la fête des morts pour Halloween, et une semaine sur le Moyen-Ȃge. Pour fêter la nouvelle année, nous nous sommes lancés dans la création de nombreuses cartes de vœux afin de remercier tous les participants de notre cagnotte collective.
Témoignages des bénéficiaires de l’accueil jeunes en IEF
Interview
Nous souhaitions donner la parole à nos bénéficiaires. Voici le témoignage de deux jeunes de l’Escale des Mô, accueil jeunes en IEF.
Avez-vous bien vécu le coaching en virtuel ?
Ben : “Oui, j’ai apprécié les cours en visio car c’était plus calme et détente que sur place, mais je préfère largement le présentiel,
Sauveur : “Oui j’ai bien aimé mais c’ est moins productif et plus compliqué de se concentrer.”
Avez-vous préféré le virtuel ou le présentiel ? Expliquez pourquoi.
Ben : “Présentiel ! Car on peut se retrouver entre amis et que j’arrive mieux à travailler car je suis plus concentré en présentiel.”
Sauveur : “Le présentiel car il est plus simple de se concentrer que devant un écran.”
Préférez-vous travailler sur papier ou ordinateur ? Pourquoi ?
Ben : “Sur ordinateur, pas besoin de se fatiguer les doigts en écrivant.”
Sauveur : “Papier, on est moins attiré par les applications.”
Quel est le projet que vous avez préféré pendant cette période ? Pourquoi ?
Ben : “Moi j’ai adoré la Nouvelle Zélande, c’était très intéressant à travailler. J’ai travaillé sur la danse, c’était intense.”
“Sauveur : Celui sur la Nouvelle Zélande, sur le sport.”
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontré en distanciel ?
Ben : “Aucune, je me sentais très bien.”
Sauveur : “Le manque d’accompagnement.”
Aimez-vous le fait d’être autonome dans la réalisation de projets ?
Ben : “Oui j’adore, c’est très calme”
Qu’êtes-vous fier d’avoir réalisé malgré les difficultés de la période ? Précisez pourquoi.
Ben : “Le projet de la Nouvelle- Zélande, j’ai beaucoup travaillé dessus et je l’ai très bien présenté et j’ai adoré le faire”
Au contraire, y-a-t-il quelque chose que vous n’avez pas réussi mais que vous auriez aimé réussir ? Précisez pourquoi.
Ben : “Le projet de l’Australopithèque, je ne l’ai pas fini à temps et je n’ai pas bien travaillé dessus.”
Témoignage d’un encadrant
Rétrospective des derniers mois
Ainsi, nous avons pu constater que de plus en plus de jeunes étaient proactifs. Chaque nouveau projet est pour nous l’opportunité d’observer l’étendue de leur curiosité, et leur volonté de se laisser surprendre en apprenant sur des thématiques nouvelles et des supports laborieux. Notre spectacle de fin d’année en est la preuve. Les jeunes ont décidé ensemble que les plus jeunes (élèves du primaire) s’occuperaient de la conception du scénario, pendant que les bénéficiaires de l’Escale des Mô se chargeraient de la construction du spectacle. Des prises d’initiatives personnelles ont germé : l’un d’entre eux s’est proposé de jouer de la guitare durant le spectacle.
Témoignage d’Eliane, Responsable pédagogique et coach à l’Escale des Mô, accueil jeune en IEF :
“Le travail en virtuel s’est imposé à nous du fait de la situation sanitaire. Nous avons réutilisé les outils informatiques mis en place lors du confinement total de 2020. Comme pour tout, j’ai pu constater des avantages et des inconvénients à ce fonctionnement.
Il est parfois difficile de réussir à échanger en virtuel avec des jeunes qui n’ont pas pour habitude de faire des phrases complètes pour communiquer. Le fonctionnement en virtuel ne permet pas, bien évidemment, de travailler la socialisation comme nous le faisons sur l’accueil jeunes en IEF, pire encore il peut renforcer l’enfermement sur soi de certains jeunes. De plus, maintenir la motivation à distance est parfois compliqué.
Mais les jeunes, comme nous, avons su nous adapter et nous avons pu réaliser de nombreux projets et ateliers virtuellement. Cette organisation a permis de travailler l’outil informatique pour les jeunes, qui ont développé leurs compétences sur les logiciels de bureautique.
La situation sanitaire a augmenté les angoisses, il était donc très important pour nous de pouvoir conserver le plus possible nos activités et de maintenir un semblant de normalité en ces temps si difficiles pour tous. La singularité du virtuel a permis de conserver un lien avec les bénéficiaires souffrant de phobie sociale sévère, qui n’arrivent plus à sortir de chez eux à cause de la situation sanitaire.”
Horaires
- Lundi : de 9h00 à 16h00
- Mardi : de 9h00 à 16h00
- Jeudi : de 9h00 à 16h00
- Vendredi : de 9h00 à 16h00
Contact
Tel: 07 67 71 56 53
lesdidascalies.direction@gmail.com
Les didascalies
80 Avenue de Muret
31300 Toulouse